Le pain au quotidien à Bouzic en 1930.
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En 1930, le pain est la nourriture de base
Le pain était la principale nourriture de base. On en mangeait beaucoup.
A la boulangerie, toujours le même choix : une tourte de 15 livres, une tourte de 10 livres et un pain long de 5 livres ou 2 kg 500 que l’on appelait le pagnou. Pour moi, le pagnou représentait un véritable gâteau.
Le matin, les personnes âgées, après avoir bu le café, prenait leur casse-croûte fait de pain, de vin rouge et de quelques restes de la veille. Rien n’était jeté.
La soupe était présente matin, midi et soir. L’été, durant les grands travaux agricoles, il n’était pas rare, vers les 4 heures de l’après-midi, de refaire un autre chabrot.
Faire chabrot (ou chabrol dans certaines région) est une vieille coutume paysanne qui consiste, avant de finir la soupe, d’y verser du vin et de le boire à même l’assiette. Le Périgourdin fà chabroù. C’est une coutume qui n’existe plus guère que dans le sud-ouest de la France.
Pour moi, le petit déjeuner, c’était un bol de lait avec dedans du pain coupé en petits morceaux. Aux autres repas, c’était souvent le même menu. Qu’on aimait ou qu’on n’aimait pas, pas question de réclamer autre chose.
Le goûter de 4 heures, le bon moment
Le goûter de 4 heures, comme on disait, était un gros morceau de pain coupé sur toute sa largeur. Ma grand-mère y écrasait un morceau de sucre avec un fer à repasser qui, en même temps, chauffait la mie de pain.
De temps en temps, elle m’envoyait à l’épicerie acheter une bille de chocolat coupée en quatre. A l’époque, on vendait le chocolat par bille. Un des morceaux était raclé au couteau sur le sucre. Une bille de chocolat servait donc à quatre goûters. Assis sur les murettes dans le bourg, sagement et avec précaution, j’avalais ce délice.
La bille de chocolat était à l’époque typique du Sud-ouest de la France mais était largement utilisé en France au XVIIIème siècle. Remarquons que la bille de chocolat était un cylindre et non une sphère. Une analogie est la bille de bois, également globalement cylindrique.
Pour rien au monde on aurait jeté un bout de pain. C’était sacré. Sans cesse nos parents nous le répétaient : c’était une denrée chère et la terre était bien basse pour cultiver le grain de blé. Jeter du pain était une chose qui n’était pas pardonnée.
Et la pomme de terre ?
De nos jours les pommes de terre, tout en restant une denrée de base, ne font pas partie de la gourmandise pour les enfants. Durant toute mon enfance, je courais tout le village pour en recueillir dans les chaudrons où l’on cuisait la bacade des cochons. Ainsi s’appelait la pâtée qu’on leur préparait. Je triais les petites pommes de terre cuites avec tous les résidus de légumes. Bien sûr, elles n’étaient pas épluchées et n’étaient pas plus grosses qu’une noix. Je les mettais dans ma poche. Arrivé chez moi, je les mettais chauffer dans les cendres et les braises du cantou. Là, elles prenaient une couleur toute dorée. Pelure et chair, j’en mangeais plusieurs fois par jour. Quel délice ! Et quel excellent souvenir !