Le bonheur : comment cela ?
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- Théodore Monod, grand Saharien et grand humaniste
En ce changement d’année, en ce tout début d’année 2012, nous souhaitons avec la plus grande sincérité du bonheur à nos proches, à nos amis. Mais qu’est-ce que le bonheur ? Beaucoup d’auteurs se sont essayé à l’expliquer, philosophes, leaders religieux, transférant ainsi leur vision du monde vers leurs semblables.
Transferts essentiels et parfois fabuleux mais reposant sur des réflexions personnelles et non pas sur des observations scientifiques. Récemment, Léo Bormans a demandé à 100 chercheurs provenant de 100 pays (dont Guy Corneau pour la France) de rassembler leur données, observations et connaissances sur le bonheur, acquises pendant des dizaines d’années, sans spéculations philosophiques ou spirituelles, pour savoir et non pas seulement "croire que" (The World Book of Happiness ou Grand livre du Bonheur).
Ces scientifiques montrent que les facteurs influençant le bonheur sont similaires partout dans le monde et pour toutes les générations. En résumé, à partir du moment où les besoins de base sont rencontrés (avoir une maison, manger à sa faim, être en paix,…), le bonheur passe par la qualité des relations que l’on a avec les autres. Le bonheur, que l’on peut aussi appeler "bien être" ou "satisfaction de la vie", se construit et ne se reçoit pas. C’est une bonne nouvelle qui montre que le Périgord et les Périgourdins sont sur la bonne voie !
- Le marché de Bouzic, oeuvre de bénévoles
Les gens heureux sont sociables, altruistes et confiants. Ils ne sont pas égoïstes, jaloux ou rancuniers. Ils ne ruminent pas et pardonnent facilement, ils font travailler aussi bien leur corps que leur esprit, ils savourent les bons moments de la vie. Ils remarquent quand ils sont heureux et le sont d’autant plus.
Le bonheur doit être vu comme une œuvre d’art, comme un chef d’œuvre. Il peut être réalisé en voyageant comme le font les Compagnons du Tour de France mais aussi en vivant toujours au même endroit, comme le démontrent moult excellents artisans. Mais cette œuvre d’art doit toujours être améliorée, elle doit être façonnée jour après jour. Le bonheur n’est pas un but mais un état à développer en permanence. Comme le dit Gary Reker, un psychologue canadien "Si vous ne pouvez pas être heureux aujourd’hui, pourquoi pensez-vous pouvoir l’être demain ?".
Mais, selon ces études scientifiques, quels sont donc les paramètres les plus importants pour être heureux, tous les jours, pas seulement à certaines occasion ? Discutons de quelques-uns.
Les relations humaines ? L’être humain est un être social. Il ne peut s’épanouir dans la solitude, même si les moments de solitude sont essentiels. De bonnes relations sociales avec sa famille, ses amis mais aussi avec ses voisins, même éloignés ou avec des anonymes qu’il ne verra qu’une fois, sont primordiales. Qui n’a pas ressenti du bonheur après un échange aimable, une rigolade ou un coup de main reçu ou donné avec un inconnu ou une inconnue au supermarché du coin ?
- Les bénévoles du marché de Bouzic
- Du travail certes, mais beaucoup de bonheur à être ensemble pendant les marchés
Il est essentiel de rencontrer des gens, d’entretenir des contacts, d’en créer de nouveaux, en particulier quand on l’impression que l’on en a pas envie. Vous voulez être heureux ? Consacrez-vous aux personnes qui vous entourent et rendez-vous compte du bien-être que cela vous procure.
La santé ? La relation entre santé et bonheur est réelle dans un sens seulement : si les personnes heureuses sont en bonne santé, toutes les personnes en bonne santé ne sont pas heureuses.
Il est donc essentiel d’en prendre soin journellement. Par exemple, il a été démontré qu’une petite promenade d’une demi-heure voire d’un quart d’heure par jour améliore nettement la santé et surtout l’impression de bien être corporelle, ce qui donne un bon moral et donne de l’énergie pour toutes sortes d’autres activités. Un cercle bénéfique. Dormir suffisamment est également indispensable.
Les petits problèmes inévitables engendrés par les années ne constituent pas un handicap majeur : ils sont contrebalancés par l’expérience qui permet à la fois de contourner le problème physique et de conduire avec souplesse ses émotions. Ne voit-on pas souvent des sexagénaires plus heureux que des quadragénaires ?
L’argent ? L’argent fait-il le bonheur ? Les scientifiques sont d’accord sur un point : avoir trop peu d’argent et ne pas pouvoir subvenir aux besoins élémentaires de la vie (un logement correct, manger à sa faim, etc.) rend la vie malheureuse, voire insupportable. Mais ils sont également d’accord sur un autre point : quand un niveau raisonnable de revenus est atteint,
l’augmentation supplémentaire de richesse ne rend pas plus heureux. Le passage d’un revenu faible à un revenu moyen favorise le bonheur. Le passage d’un revenu moyen à un revenu élevé voire très élevé n’y contribue que très peu, voire pas du tout.
Pour s’en convaincre, il suffit de lire la presse "people" et d’y voir tous les drames qui se déroulent parmi ce monde de personnes très aisées. Certains scientifiques affirment même que se préoccuper du confort des autres, même au détriment de son propre confort matériel, rend plus heureux que lorsqu’on ne pense qu’à soi.
La liberté ? Le sentiment d’être libre est essentiel pour être heureux. Mais cela implique d’avoir confiance en soi, dans les autres mais aussi dans les Institutions de l’État. Si un sentiment de confiance minimum existe envers ces trois niveaux, alors on peut ressentir une liberté personnelle suffisante et ce sentiment contribue au bonheur. Et si tout ne fonctionne pas parfaitement chez nous, il faut quand même admettre que ça ne fonctionne pas si mal que cela.
L’humour ? L’humour est essentiel au bonheur. Rire, rire aux éclats procure un bien-être tant psychique que physique (par la production d’endomorphines). Mais il faut le vrai rire, profond et sans réserve, qui provient de la gaieté, du plaisir, de la joie ou de l’extravagance, pas le rire grinçant qui s’adosse à la moquerie ou au sarcasme. Il ne faut pas se prendre au sérieux, saisissons le comique, voire même l’ironie d’une circonstance mais toujours sans malveillance et sans volonté d’humiliation.
L’acceptation ? Les chercheurs ont conclu que le bonheur passe une acceptation globale de sa situation. Se contenter de ce que l’on a et ne pas toujours vouloir plus est essentiel. Il apparaît que plus une société devient matérialiste, plus les personnes sont insatisfaites.
Dans la vie, les épreuves sont inévitables et tout le monde en subit tôt ou tard. Dans ce cas, il importe de ne pas se désoler et être abattu, mais de réagir et d’en tirer profit. Si ça va mal, c’est que cela pourra aller mieux. Accepter telles qu’elles sont les choses que l’on ne peut changer et en profiter est un outil du bonheur : personne ne peut empêcher le temps de passer et de prendre de l’âge mais, plutôt que de s’en désespérer, il est décisif d’en voir les atouts – chaque période de la vie en possède – et de s’en servir. Comment être heureux si l’on ressasse les erreurs passées et les frustrations, si l’on s’inquiète en permanence de ce qui peut arriver ? Comment être heureux si l’on pense que, comme disait Desproges, que la bonne santé est un état précaire qui ne présage rien de bon ? Accepter que rien ne soit permanent et que tout change, mettre en valeur les aspects positifs d’une situation, c’est ainsi que l’on peut avancer, construire son bonheur et aider à construire celui des autres.
La religion ? Être croyant rend-t-il plus heureux ? De nombreux travaux indiquent qu’un engagement philosophique ou religieux modéré améliore le bien-être, la confiance en soi et la faculté d’adaptation. L’extrémisme religieux a par contre l’effet inverse, étant en contradiction avec la plupart des idées énoncées ci-dessus. Le point important semble que l’établissement d’une paix intérieure favorise le bonheur. Cette paix intérieure peut être attisée par la croyance en Dieu pour certains mais également par la foi en d’autres valeurs seulement humaines pour d’autres.
Conclusion ? Le bonheur est plus accessible qu’on ne le croit et la vie vaut vraiment la peine d’être vécue. Soyons conscient que notre état d’esprit et la façon dont nous percevons le monde conditionnent notre bonheur. Et que notre bonheur dépend de celui des autres.
- A Bouzic
Crédits : Divers commentaires glanés sur le web concernant le livre "The World Book of Happiness", en particulier l’article de Valérie Colin dans le Vif L’Express du 30 décembre 2011.
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