Malecourse, hameau de Bouzic

jeudi 30 décembre 2010
par  Jean-Paul Liégeois
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Entrée de Malecourse

Malecourse, au nord-est du bourg, est localisé sur le plateau de la Soucre, regroupant Malecourse, Langlade et Vivinières. Ce plateau est en fait un grand cul de sac. On ne passe pas par Malecourse, on y vient ou on s’y perd.

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La plateau de la Soucre
Malecourse, Langlade et Vivinières, au bout d’un plateau dominant le Céou


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Vue aérienne de Malecourse, de l’ouest
Derrière, la vallée du Céou est bien visible avec la route Gourdon-Bouzic

Selon Peter Nollet ("Noms de lieux du Canton de Domme", à compte d’auteur), Malecourse serait formé du mot occitan "mal" ou "mala" qui veut dire mauvais et peut-être du mot "corsa", une course, Malecourse signifiant donc un mauvais chemin, un itinéraire pénible.
C’est cependant un peu étonnant car, dans le temps, quand les enfants de Vivinières et de Langlade descendaient à l’école de Bouzic, c’est précisément par Malecourse qu’ils passaient. Pourquoi donc par un mauvais chemin ?

Nous pouvons en fait proposer une autre étymologie pour Malecourse. En consultant l’ouvrage de Chantal Tanet et Tristan Hordé ("Dictionnaire des noms de lieux du Périgord", Fanlac), on peut y voir que :
- Malveyren (à Pomport) était écrit Mas Beurant en 1496, déformé ensuite en Mal Veyran puis Malveyran. Mal est donc une déformation de l’occitan "mas" qui désigne une habitation rurale ou un hameau. Il provient du latin "mansus", qui désignait une exploitation rurale possédée par un seul tenancier. Veyran est le nom d’une personne.

- Coursac (à Saint-Astier) dérive de Corsac et Corsacum qui provient du nom de personne Curtius (avec le suffixe "acum", domaine de). Coursac est donc le domaine de Curtius.

Nous pouvons donc proposer pour Malecourse la même origine que pour Malveyren, c’est à dire la maison ou l’exploitation rurale d’une personne, en l’occurrence ici Curtius. Malecourse pourrait être donc la ferme de Curtius.

Contact pris avec M. Nollet, celui-ci reconnait que l’origine du nom de Malecourse est un peu obscure mais il n’adhère pas à l’origine de la ferme de Malecourse : selon lui cette dernière aurait pu engendrer "Malcours" mais pas "Malecourse". En effet, le "e" après le "l" implique un nom occitan en deux syllabes ("mala", mauvais) et non en une syllabe ("mal", mas ou maison) et le "e" à la fin impose une nom féminin et pas un nom masculin comme Curtius. Y voir Mal en tant que "mas" impliquerait alors que le possesseur s’apellerait "Lacourse", nom effectivement connu en Dordogne mais pas dans les autres départements où est également connu le nom de Malecourse. Tout est donc une question d’"e" dans cette affaire !
Ce qui est sûr, c’est que l’origine de Malecourse n’est pas entièrement claire. Un peu de mystère plane au-dessus du hameau...

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Malecourse, entrée principale

Malecourse possède un vieux four à pain et un puits pérenne.



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Malecourse, le four à pain



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Le puits de Malecourse
Avec Malecourse à l’arrière-plan



Le puits de Malecourse est connu depuis le fond des âges pour toujours contenir de l’eau de bonne qualité. En été, auparavant, les habitants de Langlade et de Vivinières y venait se ravitailler en eau pendant les périodes de sécheresse, quand les autres puits étaient à sec. Son niveau fluctue fortement et suit le niveau d’eau du Céou. L’eau peut être à un mètre de la surface en période pluvieuse au printemps et descendre à 7 ou 8 mètres en été en période sèche. Le fond du puits est à 13 mètres.

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La route vers Malecourse en 1980
En 1980, il y avait moins d’arbres aux alentours de Malecourse. A l’époque, le puits de Malecourse était presque invisible, au ras du sol. Il se trouve dans le tournant, juste à gauche de la tête du personnage, le photographe Pierre Soulillou
(voir ses photos sur la région)



Avant 1950, dans sa jeunesse, Gilbert Marzat, de Langlade, est descendu plusieurs fois dans le puits de Malecourse pour le nettoyer. C’était un peu dangereux mais c’était pour le bien commun et il était dédommagé par les voisins.
Lors de l’élargissement de la route pour le passage des engins agricoles à la fin des années soixante, le puits de Malecourse était du mauvais côté du chemin, du côté bas, là où on faisait tomber les murs. A l’époque, l’arrivée de l’eau courante sur le plateau l’avait rendu moins utile, et sa superstructure a été rasée. Heureusement, il n’a pas été comblé mais recouvert par une grille au ras du sol.

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Un habitant de Malecourse



En 2002, les habitants de Malecourse se sont émus d’une part du danger de cette vieille grille pour les enfants et les petits animaux et d’autre part de la pollution potentielle des eaux souterraines avec un tel trou au ras du sol. Ils ont à ce moment écrit un document à l’intention de la mairie demandant la reconstruction de la superstructure du puits en y démontrant qu’une enceinte semi-circulaire ne gênerait pas la circulation, y compris des engins agricoles. Il ont été soutenus en cela par Bernard Manière, agriculteur à Vivinières empruntant régulièrement la route de Malecourse et premier adjoint au maire.

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La rue principale de Malecourse



La lettre a été introduite en mai au Conseil municipal qui a entièrement approuvé le projet. La réalisation du mur et la pose d’une fermeture était réalisée dès le mois de septembre suivant. Ceci démontre l’importance d’une municipalité proche des citoyens.

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Une rue secondaire de Malecourse



Comme beaucoup de hameaux, Malecourse possède sa croix, son calvaire.

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La croix de Malecourse



Malecourse, qui était un village entièrement abandonné dans les années 70 (l’adduction d’eau n’y a été réalisée qu’en 1980), est maintenant un hameau entièrement habité, majoritairement par des habitants permanents d’origines diverses, française, hollandaise, anglaise et belge.